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La Sélune : l’arche naturelle du territoire

Impossible de parler d’Isigny-le-Buat sans évoquer la Sélune, cette grande rivière que les habitants connaissent sur le bout des bottes. Prenant sa source dans la forêt domaniale de la Lande-Pourrie, la Sélune déroule ses 85 kilomètres de douceur à travers la Manche avant d’aller mêler ses eaux à celles de la Baie du Mont-Saint-Michel (Source : Wikipedia).

Sur la commune, la Sélune ne fait pas que passer. Elle structure le relief, sépare parfois les hameaux, forme des méandres qui abritent hérons, martin-pêcheurs et libellules fantaisistes. C’est aussi par ses rives verdoyantes que l’on découvre la vallée de la Sélune, paysage emblématique de la région.

  • Altitude à Isigny-le-Buat : La rivière descend ici à environ 50 mètres au-dessus du niveau de la mer.
  • Largeur moyenne : Entre 10 et 30 mètres, selon la saison et la pluviométrie.
  • Ponts historiques : Le vieux pont de Vézins, construit au XIX siècle, rappelle les liens constants entre la Sélune et le développement du bourg (Base Mérimée).

Derrière les barrages : la mémoire de l’Airon et des plans d’eau

Si la Sélune est la colonne vertébrale, l’Airon, plus discret, s’invite là où on ne l’attend pas. Ce petit affluent de la Sélune cumule moins de 20 kilomètres mais il a longtemps joué un rôle essentiel dans le paysage d’Isigny-le-Buat.

  • L’Airon : Arrive de Saint-Hilaire-du-Harcouët, traverse les quartiers nord de la commune, avant de rejoindre la Sélune à la limite d’Isigny.
  • Richesse écologique : Les fonds vaseux de l’Airon accueillent tritons, grenouilles et libellules. Certaines années, le rare crapaud calamite a été signalé sur ses berges (INPN / Muséum national d'Histoire naturelle).

La mémoire collective retient aussi que, jusque dans les années 1960, de nombreux lavoirs communaux s’alignaient le long de l’Airon : lieux de rencontres, de confidences et de rires, aujourd’hui disparus, mais qui ont marqué le tissu social local.

Quant à l’histoire contemporaine, impossible de faire l’impasse sur le lac de Vezins voisin, né du barrage construit en 1932 sur la Sélune pour l’hydroélectricité. Les paysages, entrecoupés de plans d’eau et de friches, évoluent sans cesse, surtout depuis le début du démantèlement du barrage en 2019. Une page qui se tourne… ou plutôt un paysage qui se réinvente.

Petites rivières et rus : le maillage invisible d’Isigny-le-Buat

La diversité des paysages d’Isigny-le-Buat, c’est d’abord la profusion de petits cours d’eau qui serpentent à travers prés et talus. On les appelle « ruisseaux », « rus » ou « fossés », mais ils tracent tous, saison après saison, de véritables corridors de biodiversité.

  • Le ruisseau du Moulin de la Roche : Long de moins de 5 kilomètres, il traverse le Bois-Auvray à l’est, abritant autrefois au moins trois moulins hydrauliques. Il alimente aujourd’hui de petits étangs privés.
  • Le Beuvron : Affluent du Couesnon, il borde la frange sud de la commune. Sa vallée encaissée est le territoire des martins-pêcheurs et de la loutre d’Europe, en expansion discrète depuis une quinzaine d’années (source : Faune Manche).
  • Les prairies humides : Entre la Basse-Frêne et la Girardière, d'anciens bras morts de la Sélune forment aujourd’hui des mares temporaires où s’épanouissent iris jaunes et joncs.

Des vallées travaillées par l’homme : bocage, moulins et chemins creux

Ce qui frappe dans le paysage d’Isigny-le-Buat, c’est la symphonie entre nature et histoire humaine. Depuis le Moyen Âge, la trame des vallées a dicté la localisation des moulins à eau, des fermes isolées et des premiers chemins de communication.

  • Moulins sur la Sélune : On en comptait encore une quinzaine actifs en 1850, entre moulins à blé, à tan et à huile (source : « Patrimoine rural du sud-Manche », Archives départementales).
  • Le bocage : Les haies bocagères épousent toujours les ondulations des vallées, maintenant un microclimat propice à la flore champêtre et aux oiseaux nicheurs.
  • Chemins creux : Certains vieux sentiers longent les cours d’eau, utilisés autrefois par les lavandières, les charretiers et, plus récemment, par les randonneurs.

Aujourd’hui, la vallée de la Sélune et ses affluents propose un écrin pour des randonnées à la demi-journée (plus de 40 km de chemins balisés d’après l’office de tourisme du Sud-Manche).

Entre crues et sécheresses : le visage changeant des rivières

Les rivières d’Isigny-le-Buat n’ont pas qu’une histoire tranquille. Elles connaissent aussi des débordements saisonniers, parfois spectaculaires. La Sélune a connu plusieurs crues notables au XX siècle, notamment en 1927 et en 1995, où la montée des eaux a isolé hameaux et fermes (Bulletin Départemental d’Hydrométrie de la Manche).

  • Régulation du débit : Les barrages de Vezins et de la Roche-Qui-Boit, longtemps accusés d’aggraver les crues, étaient aussi indispensables pour protéger les cultures en amont. Leurs démantèlements (2019-2023 pour Vezins) ouvrent une nouvelle ère de gestion plus naturelle de la rivière (Le Télégramme).
  • Faune migratrice : L’arasement des barrages permet le retour du saumon atlantique, disparu localement depuis le milieu du XX siècle.
  • Sécheresses : Les très basses eaux de 2019 et 2022 (moins de 3 m/s à Isigny) rappellent la fragilité du système : étiages précoces, stress pour la vie aquatique et conflits d’usage sur l’irrigation.

Des paysages à découvrir au fil de l’eau

Explorer Isigny-le-Buat à travers ses cours d’eau, c’est traverser une mosaïque d’ambiances et de couleurs. Selon la saison, la plaine inondée de la Sélune se couvre d’iris et de joncs en mai. L’été venu, les ombres profondes des vallées offrent un refuge aux pêcheurs de truites, pendant que les canards colverts glissent en silence.

Pour les visiteurs, quelques points de vue sont à privilégier :

  • La passerelle de Vézins : Panorama plongeant sur la vallée de la Sélune et la colline de la Garrande
  • Le site de la Roche-Qui-Boit : Ancien barrage, aujourd’hui site naturel où observer le retour des oiseaux migrateurs
  • Le circuit du Moulin de la Roche : Sentier balisé (5 km) entre ruisseaux, prairies humides et patrimoine bâti.

Perspectives : un territoire vivant porté par ses rivières

Les rivières et vallées d’Isigny-le-Buat ne sont ni figées ni silencieuses. D’année en année, elles dessinent un territoire en mouvement. Entre projets de restauration écologique, continuité piscicole retrouvée et nouveaux usages touristiques, le visage de la commune change — mais l’eau y reste le fil conducteur.

Pour aller plus loin, l’observation des crues, les inventaires faunistiques réguliers, et les ateliers citoyens sur la Sélune, permettent à chacun, habitants ou visiteurs, de faire corps avec ce patrimoine liquide. Parce qu’ici, la rivière, on ne fait pas que la regarder : on la vit !

  • À recommander : Le projet « Sélune vivante » porté par la Communauté d’agglomération Mont Saint-Michel – Normandie pour découvrir les enjeux de la restauration des rivières et participer à des sorties nature guidées (selunevivante.fr).
  • Ressources complémentaires : Cartes anciennes des alignements de moulins (consultables en mairie ou aux Archives de la Manche), guides de balades disponibles à l’office de tourisme.

Par la richesse de leurs cours d’eau, leurs histoires entremêlées et leur pouvoir d’émerveillement, la Sélune, l’Airon et tous les rus d’Isigny-le-Buat tissent un récit unique. À chaque promenade, ils dévoilent un peu plus le secret de la vallée normande : celui d’un paysage qui s’invente, humble, au fil de l’eau.

En savoir plus à ce sujet :

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