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L’abbaye de Montmorel : vestiges oubliés de la vie monastique

Nichée à moins de 10 km d’Isigny-le-Buat, sur la commune de Saint-Laurent-de-Terregatte, l’abbaye de Montmorel occupe une place discrète (presque secrète !) dans le paysage local. Fondée au XIII siècle, elle a connu la prospérité au fil des siècles, avant d’être quasiment détruite à la Révolution. Aujourd’hui, il subsiste surtout la chapelle, inscrite aux Monuments historiques depuis 1928 (Base Mérimée).

  • Particularité : l’abbaye aurait servi de refuge pendant la Guerre de Cent Ans, et certains souterrains sont encore l’objet de mystères locaux.
  • À voir : la façade en granit, la vieille cloche et le cimetière des moines.
  • Conseil : le site se visite ponctuellement lors des Journées du Patrimoine.

Le château de La Mazure : témoin d’une époque florissante du bocage

Situé sur la commune voisine de Saint-Hilaire-du-Harcouët, le château de La Mazure domine la Sélune depuis la fin du XVI siècle. Son architecture typique du Sud-Manche – corps de logis en granit et toitures d’ardoise – a traversé les âges, notamment grâce à d’importantes restaurations aux XIX et XX siècles.

  • Le domaine est privé, mais le château ainsi que son parc et son allée cavalière classée (d’une longueur remarquable de 700 mètres) peuvent être observés depuis la route.
  • Une légende locale rapporte qu’un coffre rempli d’or serait toujours caché dans la crypte, laissé là lors des troubles révolutionnaires.

Source : Philippe Hurel, Châteaux et Manoirs de la Manche, 2015.

Le Pont de la République à Ducey : ingénierie et histoire fluviale

À quinze minutes de route seulement, Ducey abrite l’un des plus beaux ponts de la région, construit à la fin du XIX siècle (1884) en pierre de Chausey. Ce pont à sept arches surplombe la Sélune et fut un témoin silencieux lors de la Seconde Guerre mondiale : il permit aux réfugiés de fuir vers l’ouest en juin 1944, avant d’être à son tour la cible de bombardements, heureusement sans être détruit.

  • Classé Monument historique en 2006. Caractéristiques : longueur totale de 104 m, largeur de 8,15 m.
  • À proximité immédiate : le château des Montgommery (XVII) et le Jardin du Château, ouvert au public d’avril à octobre.

Pour en savoir plus : Source mairie de Ducey

Saint-Hilaire-du-Harcouët : l’empreinte des fortifications médiévales

Au cœur de Saint-Hilaire, le passé militaire du bourg ressurgit par bribes. Ville fortifiée sur la route de la Bretagne, Saint-Hilaire a perdu ses remparts et son grand château lors des Guerres de Religion. Aujourd’hui, seuls quelques pans de murailles subsistent dans les ruelles adjacentes à l’église Notre-Dame.

  • À ne pas manquer : la vieille tour de l’Horloge, vestige d’une porte d’enceinte du XIV siècle, et les soubassements de la collégiale détruite par un incendie en 1944.
  • Chaque été, une randonnée “Sur les traces de la forteresse” rassemble curieux et passionnés d’histoire.

Citation : Didier Leprêtre, La Manche - 100 lieux pour les curieux, éditions Christine Bonneton.

La mémoire de la Seconde Guerre mondiale : sites, stèles et témoignages

La campagne autour d’Isigny-le-Buat a été témoin de nombreux épisodes tragiques ou héroïques de la Libération, car la Sélune servait de limite naturelle dans l’avancée des troupes alliées après le 6 juin 1944.

  • La stèle du Pont de Brécey (commune de Saint-Laurent-de-Terregatte, 7 km) : elle commémore le franchissement du pont par les forces américaines le 1er août 1944, étape décisive dans la percée d’Avranches (Ouest-France).
  • La nécropole de Saint-James (12 km) : sur la route d’Avranches, elle abrite 11 169 tombes de soldats américains tombés lors de la libération de la Normandie. Le site, inauguré en 1945, impressionne par sa disposition rigoureuse et la solennité du mémorial central. Il s’agit du deuxième plus grand cimetière américain en France après celui de Colleville (ABMC).
  • Le « Mur de la Mémoire » à Avranches : inauguré en 2019, ce mur recense les noms de plus de 500 civils victimes des combats de l’été 1944 dans le Sud-Manche (Source : La Manche Libre).

La collégiale Notre-Dame d’Avranches : un panthéon millénaire

Impossible d’évoquer le patrimoine local sans citer Avranches, jouxtant le territoire d’Isigny-le-Buat. La ville, perchée sur son éperon granitique, fut l’un des centres religieux majeurs de la Normandie médiévale. L’ancienne collégiale Notre-Dame-des-Champs, dont il ne subsiste que le chœur et la crypte, fut fondée au XI siècle. Elle possède un remarquable clocher du XIII siècle et des vitraux modernes, posés après les bombardements de 1944 (base Mérimée).

  • Le Trésor d’Avranches conserve quelques manuscrits liturgiques du Moyen-Âge, parmi les plus anciens de la Manche.
  • À la sortie de la collégiale, admirer la vue panoramique sur la baie et le Mont-Saint-Michel vaut à elle seule la balade.

Au fil des chemins : églises rurales et témoignages cachés

La région d’Isigny-le-Buat, traversée de petits chemins et de villages à l’ombre de leurs clochers, regorge de trésors plus confidentiels, parfois connus seulement des habitants.

  • L’église de Montgothier : à deux pas d’Isigny, son chevet roman du XII siècle et sa statuaire en bois polychrome illustrent la piété rurale de l’Avranchin.
  • L’église Saint-Martin de Boucéel : édifice remanié au fil des siècles, célèbre pour son porche en « cailloux du Couesnon », spécialité locale !
  • Les calvaires de la terre sélunaise : la campagne est hérissée de ces croix de pierre ou de granit, érigées entre le XVI et le XIX siècle, souvent sur les hauteurs. Certains sont classés monuments historiques (exemple : croix de la Tremblaye à Brécey).

Petit patrimoine et curiosités à ne pas manquer

  • Les anciens moulins de la Sélune : jusqu’au début du XX siècle, plus de 14 moulins à eau rythmaient la vallée de la Sélune autour d’Isigny-le-Buat, car la rivière était l’une des plus puissantes de la région (Source : Bulletin de la Société d’archéologie d’Avranches, 1915).
  • La Croix des Rochettes : située sur les hauteurs du hameau de L’Angle, cette croix commémore une ancienne procession champêtre et offre un sublime panorama sur la Bocage Normand.
  • Le pont de Pontaubault : bien connu des passionnés de la Libération, il fut un des points de passage de l’Armée américaine pour traverser la Sélune. Son tablier de pierre date de 1907.

Ouverture : Un patrimoine vivant à explorer au fil des saisons

Que ce soit au gré d’une promenade champêtre ou d’une visite guidée, les environs d’Isigny-le-Buat dévoilent à chaque pas un morceau d’histoire, souvent ignoré du grand public. À l’ombre des abbayes disparues, sur les ponts qui ont vu passer les troupes de 1944, ou au pied des croix de jadis, le patrimoine de la région s’écrit toujours entre mémoire et nature. À vous de partir à sa rencontre, carnet de notes (ou appareil photo !) en main pour saisir l’esprit de la Normandie profonde, bien au-delà des sentiers battus.

En savoir plus à ce sujet :

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